11.6, sur le tournage avec François Cluzet
Adapé du fameux fait divers, 11.6, de Philippe Godeau, est porté par François Cluzet dans le rôle de Toni Musulin, le convoyeur de fonds escroc. Nous étions sur le tournage.
Voir François Cluzet au travail, c'est comme écouter un Stradivarius joué par un virtuose. On est touché par la grâce. Le comédien en fait très peu mais son intensité donne une épaisseur particulière ce personnage mystérieux, dont on sait peu de chose: Toni Musulin, le convoyeur de fonds qui a détourné 11,6 millions d'euros. En cette froide nuit d'été lyonnaise, il rayonne comme un diamant brut au volant de la Ferrari que conduit son personnage, avant de s'éteindre dès qu'il croise le regard d'un frimeur.
À la fois chaleureux et distant, impassible et hypersensible, Cluzet fait varier les états d'âme de Musulin comme un violoniste fait vibrer son archet. Pour Philippe Godeau, le réalisateur de 11.6, "c'est le meilleur". Le cinéaste a tourné son premier film avec lui, Le dernier pour la route. L , il reconduit le partenariat pour dessiner ce personnage ultracomplexe qu'est Toni Musulin. "Ce qui est intéressant, c'est de percevoir les battements du coeur, le souffle. Je cherche surtout jouer sans dialogue, pour que le public, dans la salle, soit tenté de mettre des paroles sur ce qu'il croit que je pense. J'aimerais trouver une espèce d'interactivité avec le spectateur. Avec l'expérience, je me rends compte que faire un film, c'est plus une histoire de collectif que de personnalité. C'est comme ça qu'arrive la grâce. Moi, je cherche toujours partager le jeu. Sur Intouchables, j'étais convaincu que mon rôle, c'était de comprendre celui d'Omar. Pour moi, l'époque n'est plus du tout la performance l'américaine. C'est trop facile de faire une perf'. Le cinéma est un jeu d'intérieur."
"Ce qui m'a beaucoup plus dans ce film, poursuit François Cluzet, c'est la complexité du personnage. S'il n'avait été question que de faire un film d'action sur un cambriolage, je n'étais (...)